Réseau routier aux Comores

Publié le par Alestin

Réseau routier en réhabilitation

Un excellent tremplin pour la production agricole

Réseau routier en réhabilitation Un excellent tremplin pour la production agricole
La dégradation du réseau routier a fondamentalement changé les habitudes et porté une atteinte plus grave et profonde dans l'économie de l'arrière pays, représentant près de 80% du Pib.

Le réseau routier comorien est en totale réhabilitation. Il ne serait pas vain de souligner que les utilisateurs de véhicules devront réapprendre le code de la route. Le mauvais état des infrastructures routières a façonné un nouveau code de conduite comorien basé sur ''passe d'abord!'' pour les plus polis, ou ''Je passe et va te faire voir... !'', pour les plus pressés et les autres... D'application approximative, la maîtrise du code de la route n'entre pas dans les obligations légales pour l'obtention du permis.
Fatalisme
Hormis cet aspect folklorique, la dégradation du réseau routier a fondamentalement changé les habitudes et porté une atteinte plus grave et profonde dans l'économie de l'arrière pays, représentant près de 80% du produite intérieur brut (Pib). Des zones devenues accessibles, désenclavées par le bitume, avaient multiplié par dix certaines productions et diversifier leur culture, la route leur permettant d'accéder facilement et rapidement aux marchés urbains et d'écouler leur production. L'inverse leur a été fatal. Moroni, devenu lieu d'exode, s'agrandit de ses nouveaux venus, qui abandonnent leurs terres, pour d' hypothétiques emplois fictifs, de chômeur déguisées.
Le don de la Libye de 3.860 tonnes de bitume est venu à point nommé. Représentant environ 19.224 bidons, il a permis au gouvernement de se pencher sérieusement sur la réhabilitation des routes au niveau des trois îles. Ces tonnes de bitume sont largement suffisantes pour refaire les routes de près de 924 kilomètres, le réseau routier existant sur l'ensemble du territoire.
Mal entretenu, ce réseau s'est tellement dégradé ces dix dernières années, jusqu'à créer un fatalisme ambiant. La crise de trésorerie et la dégradation des autres secteurs ont relégué le secteur des transports, pourtant vital et à l'effet entraîneur, aux deniers des soucis.
Les routes principales reliant la ville de la zone rurale, sont parsemées à chaque mètre de nids-de-poule, rendant presque impraticables certaines régions comme le Dimani. Dans les voies secondaires, particulièrement étroites, les pluies ont arraché le bitume, les rendant caillouteuses.
L'état des routes a rendu les forces de l'ordre peu regardantes sur d'autres aspects, pourtant vitaux pour la sécurité des passagers. Les panneaux de circulation, auparavant visibles dans les grandes agglomérations, sont inexistants y compris dans certaines artères principales de la capitale.
Comme un malheur ne vient jamais seul, les véhicules tombent en panne les uns après les autres. De nombreuses voitures circulent même la nuit, sans phare, pare-brises éclatées, feux de signalisation et clignotants inexistants, freins et suspensions en piteux état.
Les trois cargaisons de bitumes, don de la lybie, sont réparties sur l'ensemble des trois îles au prorata linéaire du réseau routier. La Grande-Comore, a obtenu 2.200 tonnes (10.953 bidons) soit 57% du total, couvrant 530 kilomètres. L'île d'Anjouan, recevra 1.196 tonnes, (2.317 bidons) soit 31% du total pour réhabiliter ses 281 kilomètres de route. Mohéli reçoit 463,2 tonnes ((2317 bidons), soit 12% du total pour 113 kilomètres.
Pour l'heure, 214 tonnes de bitume ont été expédiées à Mohéli après réception de la première cargaison arrivée à Moroni, une seconde cargaison de 249,2 tonnes sera acheminée pour compléter la dotation prévue. Très prochainement, 1.196,6 tonnes correspondant à la répartition prévue seront expédiées à Anjouan. En Grande-Comore, lieu du stockage de la totalité du bitume, on a déjà entamé les travaux de réhabilitation sur les routes du littoral.
Les effets attendus pour la réhabilitation des routes sont multiples. Le paysan qui ne voyait aucun intérêt à intensifier sa production, à cause des problèmes d'écoulement de ses produits, va être le premier servi. La route deviendra le levier principal pour une évacuation sécurisée et rapide des produits vers les marchés urbains.
Le trafic en augmentation encouragera les agriculteurs à produire davantage et à repenser sur les cultures maraîchère, dont la nature hautement périssable, ne les incitait pas à s'y consacrer. Mais la réhabilitation des routes n'a malheureusement pas été justement pensée suffisamment pour évaluer l'impact des routes existantes dans les zones déjà desservies, pour déterminer si des zones oubliées ne sont pas prioritaires à d'autres ou si des zones hautement agricoles ou touristiques, aujourd'hui enclavées, ne méritent pas d'être immédiatement reliées au réseau.
Refaire les routes sans plan d'urbanisme, communément admis par les communes, serait à long terme non-viable, pour un investissement si lourd et à très long terme. Ce qui est sûr, la réhabilitation des routes peut entraîner un regain d'intérêt de la diaspora pour les projets communautaires, boudés ces dernières années à cause de l'état vétuste des infrastructures roturières.
Ahmed Ali Amir
Al-watwan, N°1054 du lundi 21 avril 2008

Publié dans Actualités en Bréf

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